Faire parler les murs
À travers sa peinture Mouhamadou Diop fait parler les murs. On les retrouve couverts de ciment, d’affiches déchirées, de peinture, de charbon de bois. Ils sont un moyen de communication, un poumon silencieux qui inspire l’urbanité et expire l’empreinte du passé.
L’artiste érige ces murs en utilisant des pigments de ciment sur toile, sur papier ou sur polystyrène, il les éprouve. Jouant de leurs symboliques. A la fois expression rupestre d’une société primitive, ils sont aussi la représentation de la limite entre privé et public, la démarcation entre l’entrave et la liberté.
Au travers d’une exposition collective rassemblant quatre artistes, il a également exploré les enjeux de la crise migratoire. À travers des pratiques conceptuelles et un procédé performatif ou figuratif, il témoigne de ce temps suspendu où l’Histoire n’a pas encore tranché.
Acteur et témoin de ce flux des populations, il met en couleur les vols migratoires. Allégorie poétique où les oiseaux traversent des champs de barbelés, surmontent les murs de ciment.
Sur les toiles, quelques mots inintelligibles d’une pensée confuse nous invitent à déchiffrer l’incohérence et le chaos qui laissent immobiles, peut être sans vie, ces volatiles, icônes de la liberté.
Ses toiles font l’objet de nombreuses expositions à travers le monde (Dakar, Nigeria, Burkina Fasso, Paris, Bruxelles, Düsseldorf). Il est représenté entre autres par la Galerie de Géraldine Banier à Paris. Moustapha Diop est aussi connu pour son travail de vidéo, qui a été présenté à L’institut Goethe de Dakar et à la Biennale de Da’kart en 2018.
Rennais depuis peu, il n’avait pas encore eu l’occasion d’exposer dans sa ville d’adoption. Il présentera au Grand Angle une nouvelle série totalement inédite, inspirée par l’architecture et l’habitat, le souvenir et les signes de la vie intime d’un foyer ou du temps qui passe. Au dehors, il jouait avec les codes du street-art, il nous invite aujourd’hui en passe-muraille au-dedans !